Andromaque

Faut-il vraiment rappeler l’histoire ? Faire le « pitch »? Convoquer, depuis les bancs du collège où nous les avons sans doute rencontrés, ces héros tragiques de la Guerre de Troie, successivement enfants d’Homère, Euripide, Virgile, Sénèque…et tant d’autres ?
Faut-il raconter Jean Racine? Son œuvre, sa poésie? Contextualiser l’écriture? Faut-il évoquer Barthes et la querelle de son «sur Racine» ? Être pour ou contre? Ou bien reprendre une nouvelle fois la ritournelle devenue (trop) célèbre «Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort» ?
Peut-être pas…Même si bien sûr la ritournelle résume assez spectaculairement la pièce !
Peut-être même n’est-il question que de cela, dans Andromaque, Amour, Amour, Amour…
Amour à mort.
Pour les mémoires les plus embrumées, on pourrait simplement dire qu’au lendemain de la Guerre de Troie, qui a vu chuté et périr presque tous les Troyens, quatre personnages vont être pris dans une spirale amoureuse dont l’issue ne pourra qu’être fatale…Que la jeunesse payera bien cher la folie des aînés… Que le génie du jeune Racine s’y déploie majestueusement, faisant d’ Andromaque son premier triomphe… Que la pièce, enfin, traverse les âges avec une grâce que seules les œuvres immenses possèdent, sans rien perdre de sa force ni de son incandescence, touchant droit au cœur les hommes d’aujourd’hui, comme elle bouleversa les hommes d’hier.